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Isabelle

Falardeau

(Collectif Vous êtes ici) 

Présenté en collaboration avec La Paperie, Centre National des Arts de la Rue, Angers, France. 2016.

Installé sous le pont Confluences à Angers, mon projet présente trois images photographiques qui ont été capturées à l’Usine de l’Île d’Amour, une ancienne installation qui traitait jadis les eaux usées de l’agglomération. L’intérêt du site était surtout en lien avec les traces du temps, de la construction humaine, de sa désuétude et surtout les différentes textures et accumulations d’objets qu’on pouvait y retrouver. L’endroit où je devais installer le résultat final me paraissait assez absurde comme salle d’exposition. C’est en fait un non-lieu, un endroit où les familles sans-abri se « logent » tout près, dans des campements de fortune. De plus, avec la crue des eaux de la Maine, les photos devaient se trouver à quelques mètres de la rivière, affichées sur le mur de béton au pied d’un escalier descendant du tablier.  
Tous ces éléments ont naturellement orienté le choix de mes images. La première à gauche en noir et blanc est un cadrage vertical en contre-plongée d’une cuve de décantation des eaux usées. L’accent est mis sur l’usure apparente et les valeurs contrastées de la surface ainsi que sur la ligne courbe qui nous amène à l’image centrale. L’autre image monochrome se situant complètement à droite présente un gros plan sur un pied de bain. Encore ici on peut percevoir le passage du temps avec les encoches, la toile d’araignée tendue et les rayures dans l’émail suggérant aussi des coulisses de liquide noir. La délimitation du bain et l’orientation de la patte vers l’image centrale nous ramènent encore vers celle-ci, le centre d’intérêt. Cette image imprimée en couleur présente une grande moulure de cadre vide accrochée, à travers  laquelle on voit les craquelures du mur de crépi. Au bas de celui-ci, une accumulation chaotique d’objets et de meubles, comme l’entassement de souvenirs et d’éléments ayant fait partie d’un quotidien révolu. Les trois images ont aussi subi les traces du temps à l’aide d’une exposition légèrement trop longue à la prise de vue, ce qui aura créé un certain effet d’effacement partiel des objets y figurant.

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